Geneva Science and Diplomacy Anticipator

Comment tout a commencé

L’idée de la Fondation Geneva Science and Diplomacy Anticipator remonte à 2018. Elle est en même temps le prolongement naturel de la longue histoire de la Genève internationale.

Mission de la Fondation GESDA

La Fondation vise, dans un esprit multilatéraliste, à tirer parti de l’écosystème de la Genève internationale pour anticiper, accélérer et traduire en actions concrètes des thèmes émergents à vocation scientifique.

Pour ce faire, le gouvernement suisse et le Conseil d’État de la République et canton de Genève ont approuvé les statuts établissant GESDA en tant que fondation indépendante en 2019.

Ces statuts confient à GESDA le soin de développer «un instrument d’anticipation et d’action, donnant la priorité aux partenariats public-privé à l’échelle mondiale et aux projets en mesure d’apporter des solutions aux défis technologiques actuels et futurs, en les transformant en opportunités et en élargissant le cercle des bénéficiaires des percées scientifiques et technologiques.»

 

 

Ouvrir un nouveau chapitre de la science et de la diplomatie

GESDA a été fondée par les gouvernements suisse et genevois le 20 février 2019 en tant que fondation indépendante, pour tirer parti du pouvoir d’anticipation de la science auprès des organisations diplomatiques et des citoyens travaillant à Genève et dans le monde entier. GESDA a démarré ses activités en janvier 2020.

Elle a été créée car les personnes proches à la fois de la science et de la géopolitique prennent de plus en plus conscience que:

  • Le monde connaît des découvertes scientifiques et technologiques révolutionnaires à une vitesse sans précédent;

  • Ces avancées modifieront notre manière de nous percevoir en tant qu’êtres humains, d’appréhender nos relations les uns avec les autres dans la société et la façon avec laquelle nous prenons soin de notre environnement;

  • L’humanité, en particulier les personnes vivant dans des pays moins avancés ou émergents, ne peut pas se permettre de manquer le potentiel de ces avancées scientifiques et technologiques pour le bien-être mondial et le développement inclusif.
Pourquoi à Genève ?

La décision de créer GESDA en Suisse, et plus particulièrement à Genève, a deux origines complémentaires.

La Suisse, petit pays de 8 millions d’habitants situé au cœur de l’Europe, s’appuie sur une longue tradition de recherche disruptive en sciences et en technologies, sur une diplomatie de renom motivée par la neutralité, sur une démocratie directe dynamique, sur des entreprises mondiales innovantes, ainsi que sur une population intéressée par les affaires du monde.

Genève possède tous les atouts nécessaires à soutenir la portée mondiale et les ambitions de GESDA en science et diplomatie.

  • Connue comme la ville de la paix, des droits et du bien-être, Genève est le lieu de création du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ainsi que de l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN).

La Croix-Rouge, fondée en 1863 par Henri Dunant, est devenue le plus important regroupement humanitaire au monde, apportant des médicaments et des soins sur les champs de bataille et à toute population confrontée à des situations d’urgence.

Le CERN a été créé en 1954 et est aujourd’hui le plus grand laboratoire de physique au monde où les scientifiques travaillent pour découvrir les origines de l’univers, une tâche pour laquelle deux d’entre eux, Tim Berners-Lee et Robert Cailliau, ont inventé le World Wide Web. Le CERN a également servi de forum d’échanges et de renforcement de la confiance entre les pays lorsque les relations politiques étaient tendues ou inexistantes. Le CERN fut d’ailleurs le lieu des premiers contacts, après la Seconde Guerre mondiale, entre des scientifiques allemands et israéliens, et l’endroit où les pays d’Europe orientale et occidentale ont d’abord travaillé ensemble avant d’étendre leur collaboration à d’autres secteurs d’activités.

  • Genève est devenue, depuis, le centre opérationnel du système international agissant à travers près de 100 organisations internationales, plus de 700 organisations non gouvernementales (ONG), 180 représentations d’États, plus de 1600 entreprises multinationales et plusieurs institutions académiques de niveau mondiale.

  • Cet écosystème international basé à Genève s’emploie à mettre en œuvre, dans toutes les régions du monde, les objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU à l’horizon 2030. Leur principe directeur «Ne laisser personne de côté» et le «Droit de partager le progrès scientifique et aux bienfaits qui en résultent» (Art. 27 de la Déclaration universelle des droits de l’homme) constituent les fondements des actions de GESDA.
Accélérer l’essor de la diplomatie scientifique au début du 21e siècle

L’essor de la diplomatie scientifique en tant que pratique de la politique internationale et discipline des sciences humaines reflète le rôle central croissant que jouent les percées scientifiques et les développements technologiques dans le façonnement de notre monde actuel.

L’idée est ancienne, mais a gagné en popularité dans l’agenda mondial depuis 2010, en même temps que le concept de diplomatie scientifique est devenu de plus en plus important dans les relations internationales.

Un rapport de 2010 de la Royal Society et de l’American Association for the Advancement of Science (AAAS) intitulé New Frontiers in Science Diplomacy a donné à la diplomatie scientifique sa première définition formelle en plus d’établir une classification largement acceptée, basée sur trois piliers :

  • la science au service de la diplomatie, ou l’utilisation de la science comme outil de puissance douce pour améliorer les relations internationales;

  • la science dans la diplomatie, ou l’utilisation de preuves scientifiques pour éclairer la politique étrangère;
  • la diplomatie pour la science, ou l’utilisation de l’appareil diplomatique pour soutenir et promouvoir la collaboration scientifique internationale.*

Depuis 2020, la diplomatie scientifique fait face à une nouvelle initiative. Elle doit alors s’adapter à la fois à la rapidité des progrès scientifiques et aux changements dans les relations internationales et, par conséquent, travailler à la croisée du progrès scientifique et de la diplomatie, en équilibrant les trois facteurs suivants:

  • le rythme sans précédent des progrès scientifiques et technologiques;

  • l’urgence avec laquelle les défis mondiaux doivent être relevés;

  • la complexité de la géopolitique mondiale.

*New Frontiers in Science Diplomacy, The Royal Society and AAAS

Poursuivre la voie suisse en science et diplomatie

Pendant ce temps, l’idée de la diplomatie scientifique en Suisse a mûri avec la montée des efforts pour faire de Genève le siège de la gouvernance de l’Internet et du numérique – efforts qui ont récemment conduit à des initiatives majeures telles que la Geneva Internet Platform, le CyberPeace Institute, la Swiss Digital Initiative ou le Geneva Digital Atlas.

  • Depuis 2000, la diplomatie suisse s’est appuyée successivement sur un réseau interministériel croissant de conseillers scientifiques et technologiques, sur les consulats scientifiques de Swissnex et sur les pôles d’affaires suisses.

  • Après 2010, les diplomates suisses ainsi que la Direction du développement et de la coopération (DDC) ont intensifié leurs efforts en vue de soutenir les initiatives scientifiques et diplomatiques, comme le programme de cours en ligne MOOCs pour l’Afrique lancé par l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) en 2012 pour promouvoir le développement précoce de l’éducation numérique dans le monde francophone.

  • La Suisse a également joué un rôle croissant dans les programmes internationaux de recherche polaire à grande échelle, notamment grâce à la création de l’Institut polaire suisse en avril 2016.

  • Parallèlement, les institutions diplomatiques suisses ont considérablement accru leur soutien à la Genève internationale en fournissant des infrastructures et du contenu; leur soutien au SDG Lab pour travailler à la réalisation des objectifs de développement durable des Nations Unies en est un bel exemple.

Enfin, au cours de la dernière décennie, l’accord international sur le programme nucléaire de l’Iran a donné lieu à de longues négociations à Lausanne au printemps 2015, la Suisse étant alors le pays hôte.

  • Ces négociations ont abouti à une première percée annoncée à la presse internationale au Rolex Learning Center de l’EPFL à Lausanne le 2 avril 2015.

  • Cette avancée était extrêmement complexe et politiquement sensible, avec la participation de sept pays ou blocs de pays.

Les principaux négociateurs, Federica Mogherini, John Kerry et Mohammad Javad Zarif, ont été assistés par un groupe de scientifiques de haut niveau. En particulier, deux physiciens qui avaient travaillé au MIT – le Secrétaire à l’Énergie des États-Unis Ernest Moniz et le chef du nucléaire iranien Ali Akbar Salehi – ont été crédités du déblocage des négociations sur le contrôle des armements qui ont conduit à l’accord historique avec l’Iran, finalisé et signé à Vienne, un an plus tard. Bien que remis en question depuis lors, l’accord marque néanmoins un réel tournant et sert toujours de base importante pour de futures négociations.

Le rôle du groupe de travail Genève+ (2015-2018)

Le travail concret sur GESDA en tant que nouveau type d’organisation scientifique et diplomatique à Genève a commencé avec la création, au printemps 2015, par le ministre suisse des Affaires étrangères, Didier Burkhalter, d’un groupe de travail international appelé «Genève+».

GESDA a vu le jour en 2018 sous la forme d’une proposition de ce groupe de travail au nouveau ministre suisse des Affaires étrangères, Ignazio Cassis. Il a ensuite été finalisé avec lui et son ministère par le président et le vice-président du groupe de travail Genève+. Puis, la proposition finale a été approuvée par les autorités suisses et genevoises en février 2019.

Au départ, ce groupe de travail Genève+ a été mis en place pour réunir à Genève l’ONU, des représentants des collectivités locales ainsi que des leaders d’opinion suisses et étrangers intéressés par l’avenir de l’écosystème de la Genève internationale. Son rapport intermédiaire publié en janvier 2017 concluait que Genève devait faire face à plusieurs nouveaux défis liés au multilatéralisme:

  • Répondre à l’accélération du rythme du développement technologique et à ses conséquences sur notre vie quotidienne ainsi que sur la gouvernance nationale et internationale.

  • Dépasser le mode de penser en silos qui caractérise souvent les organisations internationales en adoptant des méthodes de travail innovantes basées sur les nouvelles technologies.

  • Conclure de nouveaux partenariats pour:
  1. Intégrer la Genève internationale au monde universitaire, en vue de conceptualiser de nouvelles approches face aux défis de la gouvernance mondiale d’aujourd’hui;

  2. Élargir les activités de parrainage et de financement;

  3. Améliorer la communication avec la population suisse et mondiale;

  4. Forger des liens entre Genève et les autres villes hôtes des Nations Unies; et

  5. Positionner la Genève internationale sur de nouvelles questions transversales telles que la mobilité humaine, l’avenir de l’emploi, la gouvernance de l’Internet ou les nouvelles armes.
Tirer parti d’une expérience passée, acquise avec le Comité international de la Croix-Rouge (CICR)

Sur cette base, l’ancien président de l’EPFL, Patrick Aebischer, ainsi que deux de ses collègues, Stéphane Decoutère et Gérard Escher, ont soumis, en juin 2017, la proposition au groupe de travail Genève+ de créer un «Geneva Science and Diplomacy Anticipator»: une initiative concrète permettant de répondre à ces besoins nouvellement identifiés.

Pour rédiger leur proposition, ils se sont basés sur leur expérience antérieure avec le CICR, la plus ancienne des organisations internationales de Genève et à l’origine de la tradition de multilatéralisme de la ville. L’expérience du professeur Aebischer avec le CICR sur ce sujet remonte au mois de juin 2015, lorsque le président du CICR, Peter Maurer, qui était déjà un défenseur actif de la diplomatie scientifique lorsqu’il était secrétaire d’État aux affaires étrangères (après avoir représenté la Suisse à l’ONU à New York), a demandé à Patrick Aebischer, alors président de l’EPFL, de s’exprimer lors d’une réunion à Genève réunissant les 400 délégués terrain du CICR.

  • L’idée d’Aebischer consistait à donner aux différents délégués un aperçu des bouleversements majeurs susceptibles de se produire au cours des dix prochaines années dans les domaines du numérique, de la robotique, de la santé, de l’environnement et de la gestion des ressources.

  • Les délégués ont ensuite été invités à réfléchir à ce que ces changements pourraient signifier pour leur travail sur le terrain et plus particulièrement aux défis pratiques susceptibles de survenir ou ayant déjà commencé à transformer leur travail.

  • Sur la base de ces deux types de contributions, le CICR avait l’intention de développer et financer des initiatives ciblées pour relever ces défis.

La proposition au groupe de travail Genève+ a été élaborée comme une mise à l’échelle de cette expérience. En fait, les trois principales commissions de la Fondation GESDA reproduisent cette organisation en trois étapes utilisées pour la manifestation du CICR, avec le Forum académique (anticipation scientifique), le Forum de la diplomatie (accélération de la diplomatie) et le Fonds d’impact (traduction en initiatives concrètes).

Utiliser l’avenir pour construire le présent

En 2018, le groupe de travail Genève+ a présenté son rapport final rédigé et signé par Fulvio Pelli (président), Patrick Aebischer (vice-président), Rolf Soiron, Michael Møller, François Longchamp, Sandrine Salerno, Janet Voûte, Jakob Kellenberger, Carlos Lopès, Frédérique Reeb-Landry, Linh Ramirez, Doris Schopper, Mirjana Spoljaric, Alexandre Fasel et Valentin Zellweger, avec les contributions de Stéphane Decoutère, Gérard Escher, Philippe Gillet et Samir Yeddes. Le rapport proposait au ministre suisse des Affaires étrangères de créer une fondation indépendante fonctionnant comme un think tank et un do tank, axés sur l’anticipation.

Ce rapport invitait les décideurs à l’utiliser:

  • Comme un outil pour anticiper les bénéfices escomptés de la science et de la technologie (opportunités), tout en évitant les abus potentiels (menaces), grâce à une compréhension précoce du travail scientifique disruptif se développant dans le monde. La technique d’édition génomique CRISPR-Cas 9 en est un récent exemple. Ses inventrices, Jennifer Doudna et Emmanuelle Charpentier, ont remporté le prix Nobel de chimie en 2020, huit ans à peine après avoir fait leur découverte. Leur technologie a été largement adoptée depuis son développement en 2012, même s’il n’existe pas encore de directives internationales sur la façon de l’utiliser, malgré une série de discussions préliminaires entre scientifiques et régulateurs, principalement initiées par les scientifiques.

  • Comme outil d’adaptation à notre monde devenant à la fois toujours plus interconnecté et fragmenté – comme l’illustre depuis lors la pandémie de la COVID-19. Le rapport a fait valoir que dans ce contexte ni les scientifiques ni les gouvernements agissant seuls ne peuvent suivre le rythme des conséquences politiques, économiques et sociales des transformations scientifiques et technologiques du 21e siècle. Les enjeux mondiaux sont de plus en plus influencés par les acteurs locaux, tels que les décideurs municipaux, les entreprises, les universités et les organisations non gouvernementales (ONG), devenant ainsi des forces géopolitiques à part entière. C’est la raison pour laquelle GESDA devait, dès le départ, mener à bien sa mission en rassemblant des citoyens et des leaders d’opinion issus des communautés scientifiques, diplomatiques et axées sur l’impact afin de former des coalitions créatives.
La vision 2018 se réalise

Jusqu’à présent, en décembre 2020, les présidents du Forum académique et du Forum diplomatique de GESDA, Joël Mesot (président de l’École polytechnique fédérale de Zurich – EPFZ), Martin Vetterli (président de l’EPFL), Michael Møller (ancien directeur général du Bureau des Nations Unies à Genève et ancien sous-secrétaire général des Nations Unies) avec l’équipe de direction de GESDA ont réuni un premier panel international d’environ 100 acteurs mondiaux de différentes communautés dans le but de produire les 12 premiers rapports d’anticipation scientifique de GESDA (rapports approfondis sur des sujets scientifiques émergents sélectionnés) et de discuter leur potentiel pour des initiatives multilatérales percutantes.
Ils vont désormais commencer à se rassembler dans une «Salle de situation anticipative» grâce à une méthodologie spécifique associée, dont le but est d’utiliser leurs différentes mentalités et perspectives pour anticiper les évolutions technologiques des 5, 10 et 25 prochaines années en plus de proposer de nouvelles solutions pour relever les défis mondiaux existants et émergents.